"Il est de retour", le film (comique) sur Hitler qui fait réfléchir

4 minutes

Illustration
Je ne suis pas du tout habitué à cet exercice, mais j'avais envie de vous parler d'un film qui m'a vraiment surpris et qui fait forcément réfléchir. Il s'agit de «Il est de retour», un film allemand de David Wendt sorti en octobre 2015.

 

Synopsis 

Soixante-six ans après sa disparition, Hitler se réveille dans un terrain de Berlin, sur l'ancien emplacement de son Bunker. Le Führer est de retour et va remettre le pays dans le droit chemin.

Et en vidéo cela donne ça :


Mon avis

J'avais vaguement entendu parler du film (lors des polémiques qui ont eu lieu à sa sortie outre-Rhin) mais je ne m'y étais jamais plus intéressé que ça. Du coup un soir je fais un tour sur Netflix, je lis rapido la présentation, je lance la lecture et pense passer un bon moment de rigolade devant cette comédie, catégorie dans laquelle le film est "rangé"...

Et au début du film, c'est vrai que c'est plutôt ça, on se retrouve avec un Führer qui débarque dans une époque sur laquelle il ne connaît rien (pendant quelques instants, il songe même à un complot des alliés, qui auraient mis en place un monde parallèle pour le rendre fou...). On assiste alors à des scènes où il découvre les "joies" de la vie moderne et se retrouve devant un ordinateur, une télévision à écran plat et découvre même les barres de céréales ! Bref, quelque chose d'assez classique dès que l'on assiste à des scènes de voyage dans le temps...

Mais au fur et à mesure le ton change, car dans le film, même après toutes ces années, le dictateur a toujours en tête de vouloir le meilleur pour sa patrie et veut remettre l'Allemagne dans le "droit chemin" (car oui, mettez-vous à sa place, le gars se réveille 70 ans plus tard : plus personne ne le salue, une femme est au pouvoir, les Turcs se promènent au milieu des Allemands dans la rue, le Mark est remplacée par une nouvelle monnaie commune à plusieurs pays, etc.).
Dans un kiosque à journaux, le Führer rencontre un journaliste à la recherche d'un scoop pour garder son travail, il présente alors celui qu'il croit être un acteur à la direction de sa chaîne, qui sentant le buzz (et donc les audiences) arriver l'embauche. La machine médiatique se met en marche et Hitler devient une véritable star en Allemagne...

Alors qu'à ce moment le ton est encore un peu léger, petit à petit le sourire part et un certain malaise se fait sentir. Car en effet, le film est entrecoupé de scènes tournées en caméra cachée et dans lesquelles Oliver Masucci, l'acteur qui joue parfaitement bien le rôle du Führer, va à la rencontre de la population allemande.

Ainsi dans certaines scènes Hitler déambule simplement dans la rue. On assiste alors à deux types de réactions : d'un côté ceux qui sont choqués, piquent des coups gueules, montrent les poings et les matraques, mais surtout de l'autre, ceux qui sont, en majorité, content de croiser l'homme qui a tué plus de 25 millions de personnes, prennent des selfies, font un salut amical et amusé comme il ferait pour une "star" de la télé réalité, voir d'autres qui vont jusqu'à lui faire le salut nazi en pleine rue...
Certes, on peut se dire que certaines personnes sont amusées face à cette "situation insolite", et que prendre une photo avec un gars (un peu fou) qui se prend pour Hitler ce n'est pas forcément adhérer aux idées du dictateur... Mais il suffit alors de voir les autres scènes tournées en caméra cachée et dans lesquelles les Allemands échanges avec Hitler sur son hypothétique programme : les paroles donnent froid dans le dos et de nombreuses personnes disent que s'il n'était pas un acteur, ils seraient prêt à voter pour ce monstre...

Sans en dire de trop si vous n'avez pas encore vu le film, il y a tout au long de nombreuses scènes marquantes fortement symbolique et auxquelles l'on repense une fois le film terminé. C'est par exemple le cas lorsque le pays entier est choqué après que le dirigeant des nazis ai abattu de sang-froid un petit chien alors même qu'il débite des propos abjects dans les médias à longueur de journée sans que cela ne gêne personne. Il y a aussi le moment de la rencontre entre une grand-mère atteinte d'Alzheimer et Hitler, mais surtout la fin (en particulier la scène sur le toit de l'immeuble) qui fait forcément réfléchir et que je vous laisse découvrir.

Au final donc...

Il est vrai qu'à force de jongler entre la fiction et la réalité, on s'y perd... Et on se rend alors compte que cela devient assez flippant que l'on ne sache plus si en 2016 des propos aussi abjects sont scénarisés ou peuvent avoir été prononcés par des gens croisés dans la rue.
 

Derrière ce film à première vue comique se cache une critique envers les médias et leur implication dans la banalisation des discours de haines. On y retrouve aussi une véritable leçon qui met face à ses responsabilitées chaque citoyen que nous sommes : mettre un bulletin dans une enveloppe n'est pas un acte anodin et voter extrême, même par ras-le-bol, cela reste à voter extrême ainsi que pour toutes les idées qui vont avec. Un message important surtout à quelques mois des élections, car le film nous rappelle bien que Hitler a été élu démocratiquement en 1933...

À voir dès maintenant en VF ou VOSTFR sur Netflix

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